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Libération

La paix tendue en Irlande du Nord

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Après la victoire des unionistes radicaux en novembre, l'accord de 1998 menace de s'effondrer.
publié le 19 décembre 2003 à 2h24

Belfast envoyé spécial

Dans une arrière-cour, un homme emmitouflé surgit d'une porte métallique. La tête rase, il porte une cicatrice au visage causée par une balle de Magnum et réagit au moindre bruit. Il dirige l'une des multiples milices protestantes, la Force des volontaires loyalistes (LVF). Le rendez-vous se déroule à Ballysillan, un quartier nord de Belfast, l'un des principaux foyers de la violence en Irlande du Nord, adossé à la montagne pelée de Cave Hill. Un paysage de briques sombres et de maisons ouvrières bâties à l'identique où les drapeaux et les fresques guerrières constituent les seules taches de couleur.

C'est un vétéran de la lutte armée, un irréductible, un opposant de la première heure au processus de paix. Depuis cinq ans, il se trouvait dans le camp des perdants. «Parce que nous rejetons l'accord de Belfast, nous avons été diffamés, harcelés... A chaque fois qu'un trafiquant de drogue est arrêté, on nous accuse comme si nous étions les seuls à avoir ce problème.» Ses combattants sont à nouveau poursuivis depuis que le gouvernement britannique a déclaré en octobre 2001 qu'ils ne respectaient plus la trêve. Le 28 novembre au soir, quand les résultats des élections locales sont tombés, ce chef paramilitaire a crié victoire. «On a fêté ça avec du champagne. La voix du peuple a été enfin entendue.» Il se félicite du coup d'arrêt porté «à la politique de concessions aux républicains». Le Parti démocratique unioniste (DUP), très hostile au processus en cours,