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Interview

«Les Américains veulent infliger la peine de mort au dictateur déchu»

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publié le 19 décembre 2003 à 2h24

Depuis trois décennies, Cherif Bassiouni est l'un des praticiens les plus actifs du droit pénal international. Ce professeur égypto-américain qui enseigne à Chicago a été la figure de proue de la commission d'experts des Nations unies chargée en 1992 d'enquêter sur les crimes commis dans l'ex-Yougoslavie. Par la suite, il fut l'un des maîtres d'oeuvre de la conférence de Rome en 1998, qui établit les statuts de la Cour pénale internationale. Ces derniers mois, sollicité avec d'autres juristes par les autorités américaines, Cherif Bassiouni a été l'un des principaux artisans du futur tribunal pénal irakien. Il ne ménage cependant pas ses critiques à l'égard de la future cour.

Pourquoi les Etats-Unis ont-ils choisi la voie d'un tribunal pénal irakien pour juger Saddam Hussein ?

En avril 2003, à la demande du département d'Etat, j'ai créé un groupe qui planche sur la reconstruction de l'Irak post-Saddam Hussein. Avec d'autres personnes, j'ai soumis trois propositions pour juger les crimes commis par Saddam Hussein : soit créer un tribunal pénal international irakien sur le modèle de l'ex-Yougoslavie, soit créer un tribunal semi-onusien comme celui du Sierra Leone, soit encore, mettre sur pied un tribunal irakien. Sans surprise, les Américains ont éliminé d'entrée la première option. Hostiles à la Cour pénale internationale, ils ne tiennent pas à créer un nouveau tribunal international ad hoc. Ils rejettent l'idée d'un tribunal mixte pour une raison primordiale : comme les Irakien