Des élections ubuesques, l'Afrique en a connu beaucoup depuis la période des indépendances. Mais le scrutin présidentiel qui se déroule ce dimanche en Guinée pourrait décrocher la palme de l'absurde. Incapable de faire campagne en raison de son état de santé (il souffrirait d'une leucémie), le président Lansana Conté se représente pour un troisième mandat consécutif à la tête d'un pays en pleine déconfiture économique. Face à lui, un rival inconnu de la plupart des électeurs : Mamadou Bhoye Barry. A Conakry, il se murmure que cet enseignant de 50 ans, unique député de l'Union pour le progrès national, serait entré en lice à la demande du pouvoir.
Car, malgré ses efforts de dernière minute, notamment le vote d'une loi d'amnistie qui a permis de «blanchir» Alpha Condé, le principal opposant, accusé en 2000 d'avoir voulu déstabiliser le pays, le régime de Lansana Conté n'a pas réussi à convaincre un seul cacique de l'opposition de participer au scrutin. Les principaux partis ont refusé de cautionner cette «mascarade électorale». L'Union européenne a, de son côté, jugé préférable de ne pas envoyer d'observateurs.
Au pouvoir depuis 1984, le général Lansana Conté aurait théoriquement dû passer la main: la Constitution adoptée en 1990 lui interdisait un troisième mandat. Mais, comme au Togo, dirigé par Gnassingbé Eyadéma depuis trente-sept ans, une simple révision de la loi, en novembre 2001, a permis de supprimer cet obstacle. Poussé par son clan, Lansana Conté a accepté, non sans r