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Libération
Reportage

«Je n'ai pas envie de mettre ce truc, la burqa..»

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publié le 20 décembre 2003 à 2h25

Herat envoyée spéciale

L'hôpital d'Herat, ville de l'Ouest afghan, proche de la frontière iranienne, a admis au cours des six derniers mois une trentaine de jeunes patientes, soignées pour des tentatives de suicide par immolation. Dans un couloir de l'établissement, Mariam, jeune infirmière d'une vingtaine d'années, assure que, même si le phénomène n'est pas nouveau en Afghanistan, «se suicider comme ça, c'est une forme de protestation. Les femmes veulent plus de libertés». Au cours d'un colloque organisé début octobre par la Commission indépendante des droits de l'homme et la faculté de médecine d'Herat, certains conférenciers ont expliqué ce désespoir des adolescentes par le choc que vivent les jeunes Afghanes rapatriées d'Iran ou du Pakistan, où elles ont parfois passé toute leur vie. Plus de 300 000 personnes sont revenues à Herat depuis la fin du régime des talibans. Mais les jeunes filles, habituées à jouir d'une certaine liberté dans ces pays voisins, supportent difficilement la chape de plomb qui pèse encore sur les femmes en Afghanistan. Si celles-ci peuvent circuler librement dans les rues d'Herat, couvertes de la burqa, et étudier à l'école, leur vie reste semée d'interdits.

Calvaire. Dans une belle demeure d'un quartier chic, une jeune femme reste pendue à son portable. Hulan Khatibi est à la tête de Radio Sahar, la première radio pour femmes d'Herat et vient de diffuser ce jour-là des reportages sur le problème des suicides. «C'est vrai que c'est inquiétant, confi