Les premiers crimes en série sur les femmes de Ciudad Juarez ont été recensés en 1993. Dix ans après, des cadavres de jeunes filles violées et atrocement mutilées apparaissent régulièrement dans la ville. Selon Amnesty International, 400 femmes sont portées disparues, 370 ont été assassinées, et 137 meurtres répondent au même modèle en série. Les autorités mexicaines n'ont toujours pas livré la moindre piste sérieuse. Selon le gouvernement, le manque de réussite de la police locale est imputé «à ses modestes moyens et à certaines incompétences». Pourtant, des ONG, des avocats, des familles de victimes et des journalistes ont mené une enquête parallèle. «Des éléments montrent l'existence de liens entre le monde du crime, la police et le pouvoir politique, et expliquent une telle impunité», déclare Adriana Carmona, avocate de quinze mères de victimes, chargée du dossier pour la Fédération mexicaine de défense et de promotion des droits de l'homme.
Des coupables couverts
Le bilan des recherches de la justice de l'Etat de Chihuahua, depuis une décennie, a de quoi laisser perplexe. Le principal «tueur en série» arrêté est l'Egyptien Sharif Sharif. Un «bouc émissaire» de l'avis des ONG qui rappellent que 80 femmes furent assassinées après son incarcération, en 1995. En 2001, deux chauffeurs de bus sont également accusés de crimes en série. Commentaires d'Oscar Maynes, l'ancien chef des inspecteurs médico-légaux de la police locale, passé du côté des ONG : «Les preuves ont été fabriquées. La seule vérité