Harare envoyée spéciale
Le salon de Denise, dans la banlieue de Harare, a tous les signes extérieurs de richesse de la classe moyenne zimbabwéenne. Un divan, une télévision, une belle table en bois lustré et un grand congélateur... vide. «Avant, ce congélateur était toujours plein, j'y stockais de la viande, souvent une vache entière !» explique cette pharmacienne d'un hôpital public de Harare après sa journée de travail.
«Avant», c'était avant la dégringolade de l'économie zimbabwéenne, ces trois dernières années, avec un taux d'inflation de plus de 600 % qui est en train de laminer la classe moyenne zimbabwéenne. «Je ne peux même pas acheter une miche de pain par jour, on peut se permettre un petit-déjeuner décent seulement le samedi. La dernière fois que j'ai mangé de la viande, c'était il y a deux mois, un oeuf c'est 500 dollars (1) et on est cinq à la maison !»
Avec un salaire mensuel de 250 000 dollars zimbabwéens, une fois payés le loyer, l'eau et l'électricité, il ne reste pas grand-chose pour la nourriture, dont le prix augmente tous les jours sans que le salaire suive. Le riz, le beurre, le lait, les haricots sont devenus des denrées de luxe. Les 500 000 dollars de salaire de son mari permettent tout juste de boucler le mois. «Tous les meubles que vous voyez, je les ai achetés à crédit il y a longtemps, aujourd'hui, un médecin qui vient d'être diplômé ne peut même pas se payer un lit», explique-t-elle. Pour aller au travail, Denise laisse sa voiture au garage à cause