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Libération

Révocul par-dessus tête pour les 110 ans de Mao en Chine

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Nostalgie, populisme ou exorcisme, le Grand Timonier est très tendance.
publié le 26 décembre 2003 à 2h28

Pékin de notre correspondant

La jeune femme s'est affublée d'une perruque orange et de bas résille, et invite ses amis à la pendaison de crémaillère de son loft, ce vendredi, dans le nouveau quartier des artistes de Pékin, Dashanzi, dans d'anciennes usines est-allemandes reconverties. «Comme ça coïncide avec l'anniversaire de Mao, venez déguisés, et nous mangerons des plats de la Révolution culturelle, ça sera drôle», dit-elle...

Huit jours plus tôt, c'est un club privé d'hommes d'affaires du secteur high-tech qui organisait une soirée costumée à thème : les années 60, chinoises ou occidentales. La plupart des invités avaient choisi de venir en garde rouge de la Révolution culturelle, vareuse verte, badge de Mao, petit livre rouge et casquette à étoile rouge. Pour soigner le détail, certains avaient même amené des panneaux accusateurs que les «contre-révolutionnaires» portaient autour du cou pendant les séances de rectification...

Rééducation bien méritée. Des dizaines de gardes rouges, dont certains sont les PDG de sociétés de capital risque ou de portails Internet cotés au Nasdaq, passèrent ainsi une folle soirée ­ sponsorisée par MTV ­ à chanter les chants de la Révolution culturelle, une période pendant laquelle ils auraient sans doute terminé, au mieux, en camp de travail pour une «rééducation» bien méritée... Difficile de leur expliquer qu'on imaginerait mal de jeunes branchés allemands faire une soirée à thème autour des SS, ou des Cambodgiens s'amuser aux Khmers rouges.