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Libération

L'Irak en panne sèche

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publié le 27 décembre 2003 à 2h28

Bagdad envoyé spécial

Chômage, insécurité, inflation, le triptyque favori des récriminations irakiennes ne fait plus recette, supplanté par la question de l'essence. Une inexplicable pénurie de produits pétroliers sévit au pays de l'or noir. Partout, le carburant manque. Super, fuel, diesel semblent s'être évaporés. De sévères mesures de rationnement mettent l'économie à genoux et les automobilistes sur les nerfs. Devant les stations-service de Bagdad, des cohortes de véhicules attendent pendant des heures, pare-chocs contre pare-chocs, un plein hypothétique. Les queues se forment à la nuit, s'étirent sur les avenues, serpentent dans les ruelles, se prolongent sur les ponts ou sous les échangeurs, provoquant des bouchons cauchemardesques. Des familles dorment par roulement dans leur voiture pour ne pas perdre leur tour. Les esprits s'échauffent. Les bagarres sont fréquentes et les gens sont armés.

Bataille rangée. Saad Hussein Hachimi, gérant de la station d'Al-Mouthana, refuse d'ouvrir ses pompes sans protection militaire. La semaine passée, un impatient a tenté de se faufiler dans la queue. L'altercation qui a suivi a tourné à la bataille rangée. Les murs de son bureau sont grêlés de balles perdues. «Il y a trois jours, un homme est monté sur la cuve principale avec un briquet, menaçant de tout faire sauter si on ne lui faisait pas le plein. Il avait attendu toute la nuit et une partie de la journée, mais nous n'avons pas pu lui servir plus que les 30 litres autorisés», regr