Berlin intérim
C'est avec un violoncelle sous le bras que Jan Holtermann a atterri pour la première fois, en avril 2000, à Pyongyang. Son orchestre avait alors remporté la médaille d'or du Festival de la jeunesse et de l'amitié de la capitale nord-coréenne. Depuis, ce quinquagénaire bavarois retourne chaque trimestre dans l'une des villes les plus infréquentables du monde avec un tout autre genre de bagage câbles à haut débit, ordinateurs et valises bourrées de billets. Jan Holtermann a un rêve fou : faire apparaître la Corée du Nord sur la carte mondiale de l'Internet. Le pays prison de Kim Jong-il, qui ne produit même pas de quoi nourrir et chauffer sa population, est le seul de la planète à ne pas posséder de nom de domaine.
Banquier dans une autre vie, Holtermann s'est spécialisé, à la chute du communisme, dans le conseil aux banques privées embryonnaires des pays de l'ancien bloc de l'Est. Par des intermédiaires russes, il est entré dès 1998 en contact avec des diplomates nord-coréens en quête de partenaires.
Missionnaire. «En 2000, raconte-t-il, j'avais constaté, entre autres, que le système téléphonique était désastreux. Les lignes sont bloquées sur le réseau intérieur, exceptées celles de rares privilégiés, des hôtels et de certaines entreprises. J'ai eu l'idée d'investir dans ce secteur.» En toute «transparence» : Holtermann travaille en effet main dans la main avec les télécoms nord-coréens (KPTC) via son bras droit, Gunther Unterbeck, attaché culturel de l'ex-RDA t