Beau gosse, la démarche très assurée dans ses blousons de cuir, Mikhaïl Saakachvili, 36 ans, s’est forgé un look de Braveheart de la Géorgie. L’une des premières choses qu’il fera au pouvoir, a annoncé le nouveau président, de son ton sans appel, c’est de mettre en prison une bonne dizaine d’oligarques corrompus, qui ont sucé le sang de la pauvre Géorgie ces dix dernières années. Ensuite, Saakachvili doublera les retraites, augmentera les salaires, supprimera les impôts qui entravent le «petit business» et rétablira l’intégrité territoriale du pays, a-t-il promis.
«Discours direct». Jeune et énergique, «Micha», comme l’appellent affectueusement les Géorgiens, se présente comme un homme d’action, «impulsif», un rien macho, qui plaît beaucoup dans ce pays, surtout après plus de dix ans d’enlisement sous le règne du vieil Edouard Chevardnadze. «Saakachvili est aux antipodes de Chevardnadze», explique Levan Berdzenichvili, dissident sous le régime soviétique, aujourd’hui directeur de la Bibliothèque nationale. «Chevardnadze était vieux, soviétique, impuissant, ne parlant guère de langue étrangère, avec une vieille épouse malade. Saakachvili est jeune et polyglotte. Son discours est direct. Son épouse, séduisante. Et on lui prête d’autres conquêtes auprès des femmes, ce qui n’est pas sans importance en Géorgie !»
Le vrai Mikhaïl Saakachvili n'est pourtant pas forcément ce populiste ultranationaliste qui pourrait faire craindre le pire dans cette région caucasienne toujours e