Bangkok de notre correspondant
Huit mois après le lancement d'une opération massive par l'armée indonésienne pour écraser la rébellion séparatiste à Aceh, cette région du nord de l'île de Sumatra est presque totalement isolée du monde extérieur. Le gouvernement indonésien interdit aux journalistes étrangers, aux ONG humanitaires et aux diplomates de s'y rendre «pour leur propre sécurité». La Croix-Rouge internationale, l'Unicef et le Programme alimentaire mondial sont parmi les organisations à avoir pu rétablir leur présence dans la zone. Les informations sur ce qui se trame dans ce territoire filtrent au compte-gouttes. Dans la soirée du nouvel an, l'explosion d'une bombe lors d'un concert en plein air dans la ville de Peureulak (Aceh est) a brièvement rappelé aux Indonésiens accaparés par les festivités qu'à 1 600 kilomètres de Djakarta, 4,4 millions de leurs compatriotes vivent dans un état de guerre civile où les droits des personnes sont suspendus. Dix personnes ont été tuées lors de cet attentat dont un enfant d'un an et demi et un autre de sept ans. L'armée accuse la guérilla séparatiste du Mouvement pour Aceh Libre (GAM) d'en être l'auteur. Le GAM rétorque en affirmant n'avoir jamais eu pour politique de s'en prendre aux civils.
Bastonnades. Le mois dernier, un rapport publié par l'organisation de protection des droits de l'homme Human Rights Watch, basé sur les entretiens d'Acehnais réfugiés en Malaisie, a jeté une lumière crue sur la «sale guerre» en cours dans la pr