Londres de notre correspondant
Harold Shipman, qui exerçait sur ses patients un droit de vie ou de mort, a retourné contre lui l'immense pouvoir qu'il s'était arrogé. Le «Dr Death», comme l'appelait la presse du Royaume-Uni, a été retrouvé hier matin pendu dans sa cellule de la prison anglaise de Wakefield. Les autorités pénitentiaires ont prononcé son décès deux heures plus tard.
En janvier 2000, ce médecin de famille de Hyde, une banlieue de Manchester, avait été reconnu coupable du meurtre de quinze de ses malades. Mais un rapport officiel avait estimé, deux ans plus tard, à au moins 215 et peut être à 260 le nombre de ses victimes.
Sans remords. Quel que soit le résultat, Harold Shipman aura été le tueur en série le plus prolifique de l'histoire de la Grande-Bretagne. L'un des plus mystérieux, également. Jusqu'au bout, il a clamé son innocence et n'a jamais exprimé de remords, ni fourni d'explication à ses actes. Une seule fois, son geste a été motivé par l'appât du gain. Une fraude grossière qui a conduit à son arrestation. Ce cas mis à part, aucune raison n'a été trouvée autre que l'ivresse procurée par ses crimes. Une juge de la Haute Cour, Dame Janet Smith, chargée d'une enquête publique sur l'ampleur de ses forfaits, a qualifié le médecin de «drogué du meurtre».
Rarement assassin aura inspiré autant confiance à ses victimes. Jusqu'à son arrestation en 1998, Harold Shipman tenait un petit cabinet médical à Hyde. C'était un GP, un general practitioner, l'un de ces général