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Libération

Meurtre d'Anna Lindh : un procès thérapie pour la Suède

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L'assassin présumé de la ministre comparaît à partir d'aujourd'hui.
publié le 14 janvier 2004 à 21h58

Stockholm de notre correspondant

Les roses ont disparu du grand magasin NK où la ministre suédoise des Affaires étrangères, Anna Lindh, est tombée le 10 septembre 2003 sous les coups de Mijailo Mijailovic, dont le procès s'ouvre aujourd'hui à Stockholm. Au premier étage, la boutique de mode Filippa K. a rouvert dès cet automne après quelques semaines de fermeture. A l'entrée, deux mannequins sans tête, vêtus de noir. Les derniers soldes d'hiver. La fin d'une saison qui a bouleversé la Suède.

Cauchemar. C'est là que Mijailovic, 25 ans, s'est jeté sur Anna Lindh et l'a frappée d'une dizaine de coups de couteau au ventre, au thorax et aux bras. Le lendemain, le Premier ministre Göran Persson annonçait, bouleversé, le décès de celle que l'on considérait comme sa dauphine. Sous le choc, les Suédois revivaient le cauchemar de 1986, l'assassinat de leur Premier ministre Olof Palme dans une rue de Stockholm. Une crise d'autant plus profonde que l'enquête fut catastrophiquement bâclée. Dix-huit ans plus tard, une centaine de personnes ont avoué le meurtre de Palme mais l'assassin court toujours.

Les policiers d'aujourd'hui ont enquêté sous la pression des fantômes d'hier. On loue maintenant leur professionnalisme qui a permis, preuves irréfutables à l'appui, l'arrestation de Mijailovic deux semaines après le meurtre. Après des mois de dénégation, ce fils d'immigrés serbes a avoué la semaine dernière. Son procès tient de la thérapie de groupe à l'échelle d'une nation : la Suède a raté l'