Menu
Libération

Algérie : l'avertissement électoral de l'armée.

Article réservé aux abonnés
Le président sortant Bouteflika est la cible principale de cette mise en garde.
par
publié le 16 janvier 2004 à 22h02

Trois mois avant l'élection présidentielle, prévue en avril, l'armée algérienne n'a pas pris de gants pour signifier, hier, que la «neutralité» dont elle n'a cessé de se targuer, ces dernières semaines, avait des limites. «On n'a jamais dit que l'institution militaire est neutre face à une quelconque menace qui pourrait mettre en péril la stabilité du pays», a affirmé Mohammed Lamari, le puissant chef d'état-major. Et d'ajouter, dans une mise en garde visant clairement le président Bouteflika, dont la volonté de se succéder à lui-même a provoqué une grave crise au sein du sérail politique : «Toute personnalité investie des prérogatives de président de la République qui compte toucher à l'ordre républicain, remettre en cause le pluralisme politique, tenter un réaménagement constitutionnel à la mesure de sa personne [...] trouvera devant elle l'armée.»

Première prise de position publique de l'armée contre Abdelaziz Bouteflika, l'intervention du général Lamari survient au moment où onze personnalités politiques, hostiles à la réélection du chef de l'Etat, en appellent directement ou non... à l'armée, pour obtenir le départ d'un gouvernement qu'elles estiment être à la solde du chef de l'Etat pour le scrutin à venir. Habituée à faire et défaire les présidents depuis l'indépendance, l'armée soutiendra-t-elle leur exigence ? «Lorsque ces acteurs politiques poseront concrètement les problèmes, nous étudierons leurs doléances. Viendra le jour où on se prononcera sur cette question»,