Jamais peut-être depuis dix ans le Burundi n'a été aussi proche de la paix. Depuis 1993, ce petit pays d'Afrique centrale est déchiré par une guerre civile qui a fait au moins 300 000 morts, 800 000 réfugiés ainsi que 400 000 déplacés, et aurait pu, peut encore, dégénérer en un nouveau Rwanda. Miroir inversé de son voisin rwandais, le Burundi a été dirigé depuis son indépendance par la minorité tutsie qui contrôle l'armée. En juin 1993, Melchior Ndadaye était le premier hutu élu président du Burundi. Quatre mois plus tard, il était assassiné par un groupe d'officiers tutsis. Les paysans hutus se vengent en massacrant leurs voisins tutsis. L'armée contre-attaque et décime les rangs hutus. La machine infernale est lancée, elle ne s'est jamais véritablement arrêtée.
Partage du pouvoir
Le processus de paix enclenché à Arusha en août 2000 est sur le point d'aboutir. Pourtant, peu misaient sur ce compromis alambiqué prévoyant un partage du pouvoir entre Hutus et Tutsis, jusqu'aux postes les plus subalternes. La transition, qui a démarré en novembre 2001, a vu le Tutsi Pierre Buyoya céder la présidence au vice-président hutu Domitien Ndayizeye au bout de dix-huit mois, comme prévu. Contrairement aux prédictions les plus sombres, l'armée n'a pas mis fin au processus et le principal groupe armé hutu, les Forces de défense de la démocratie (FDD), a rallié le processus d'Arusha en novembre. Le principal obstacle à la pacification totale du pays reste l'autre mouvement rebelle hutu, les F