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Portrait

Du tirage

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Shan Sa, 31 ans, écrivaine d'origine chinoise, abonnée à la liste des best-sellers. Elle est entourée de polémiques (changement d'éditeur) et de rumeurs (réécriture)...
publié le 21 janvier 2004 à 22h11

Elle n'écrirait pas ses livres. Elle ébaucherait des textes dans un français laborieux que ses éditeurs, ou leurs mercenaires du style, ravauderaient pour ravir un public avide d'exotisme. Car sinon, comment expliquer qu'une Rastignac chinoise débarquée en France en 1990, à 17 ans, sans un mot de français, ait pu produire son premier roman dans la langue de Balzac, la Porte de la paix céleste, à l'âge de 25 ans ? Comment aurait-elle pu remporter en 2001 le prix Goncourt des lycéens avec La Joueuse de go, tirant à plus de 200 000 exemplaires ­ et réitérer une presque aussi belle performance avec Impératrice ?

Shan Sa arbore une veste d'uniforme kaki, des cheveux d'un noir luisant tirés en arrière. Sa porte s'ouvre sur une petite pièce presque nue, sans ordinateur ni bibliothèque, perchée au cinquième étage : deux chambres de bonne réunies en studio. Pierre à encre et pinceaux sont savamment disposés par l'esthète sur une grande table de cet «atelier» où elle s'initie, nouveau défi, à la peinture. Sur les murs, du papier de riz où elle a calligraphié en français, mais au pinceau chinois, et verticalement, les mots «lune», «falaise»... Au bord de la fenêtre étroite, pointe le clocher de l'église Saint- Sulpice, pôle autour duquel tourne l'univers de l'édition parisienne. Où d'aucuns font courir la rumeur de la mystification.

«Une écrivaine à part entière», assure son premier éditeur, Jean-Paul Bertrand, directeur des Editions du Rocher. «Pour son premier roman, pour certains pass