Pendant vingt ans, le professeur Roy Meadow a été la coqueluche des prétoires. Son témoignage a permis d'envoyer derrière les barreaux des dizaines de mères pour le meurtre de leurs bébés. Le pédiatre estimait à «1 sur 73 millions» la probabilité que deux morts subites de nourrisson se produisent dans une même famille moyenne en Grande-Bretagne. Une théorie qu'il avait résumée dans une formule devenue célèbre : «Un décès est une tragédie, deux prêtent au soupçon, et trois, ce sont des assassinats.» Mais en un an, trois condamnations, obtenues sur la base de son expertise et de son arithmétique implacable, ont été cassées. Motivant son dernier acquittement, la cour d'appel de Londres a exigé, lundi, l'arrêt des poursuites judiciaires dans tous les cas où il existe «une possibilité raisonnable» que la mort de l'enfant soit due à des causes naturelles. Le procureur général, lord Goldsmith, a aussitôt annoncé la révision de 258 procès intentés ces dix dernières années pour infanticide ou homicide involontaire. Les dossiers des 54 parents encore emprisonnés seront examinés en priorité.
Série noire. Angela Cannings est la dernière victime de la «loi de Meadow». En 1989, cette vendeuse a perdu sa fille, Gemma, treize semaines après sa naissance. En 1991, son autre nourrisson, Jason, est mort durant sa septième semaine. Quand, huit ans plus tard, son troisième enfant, Matthew, a été retrouvé sans vie à l'âge de 4 mois, une enquête a été ouverte. Pour les policiers du