Bagdad envoyée spéciale
Elles ont entre 30 et 50 ans, la démarche assurée, le verbe haut, et, surtout, ne portent pas le voile, qui, insécurité oblige, a envahi les rues de Bagdad. Musulmanes, kurdes ou chrétiennes, elles ont souvent payé cher, par la prison ou l'exil, le prix de leur liberté et n'entendent pas abdiquer au profit de leurs pères, maris ou frères à la première semonce. Alors, dans les rues de Bagdad, où tous ceux qui avaient jadis été privés de voix n'en finissent plus de se rassembler, les uns pour réclamer un emploi, les autres, un logement, elles manifestent pour dénoncer la décision 137 du gouvernement transitoire, qui abroge l'ancien code de la famille en vigueur depuis 1959 considéré comme l'un des plus progressistes dans un pays musulman et confie les affaires de la famille aux religieux, statuant selon la charia.
«Nous savons que ce décret n'a aucune chance d'être appliqué, car, pour l'être, il devrait être ratifié par l'administrateur américain, Paul Bremer. Mais il ne sera pas toujours là et nous aurons un Parlement qui pourrait très bien prendre les mêmes décisions. Alors nous avons décidé de faire comprendre que rien ne se fera sans un dialogue avec nous», explique Selma Jabo, ancienne exilée et ex-communiste, militante bénévole de l'association El-Amal (l'espoir), qui porte élégamment sa petite cinquantaine.
Droit au divorce. Les femmes «attendaient une amélioration du code de 1959, pas ce retour en arrière», explique sa consoeur kurde Chimene Ba