Berlin de notre correspondante
Stade suprême de leur complicité, la passion du sumo lie désormais Gerhard Schröder et Jacques Chirac. Le président français a converti le chancelier allemand. Cette nouvelle idylle, célébrée avec faste lors du quarantième anniversaire du traité de l'Elysée il y a tout juste un an, le 22 janvier 2003, ne fait pourtant pas que des heureux à Berlin. La relation franco-allemande peut-elle rester centrale dans l'Europe élargie ? Français et Allemands sont-ils capables d'entraîner l'UE à 25 dans un projet d'envergure ? A ces questions, nombre d'observateurs répondent par la négative, outre-Rhin. «A force de prendre des décisions ne visant qu'à préserver leurs intérêts nationaux, comme le gel du pacte de stabilité, la France et l'Allemagne perdent de leur crédibilité», estime par exemple la politologue Anne-Marie Le Gloannec, spécialiste du couple franco-allemand au Ceri. L'entente des deux pays, jadis moteur de l'Europe, paraît trop forcée pour être honnête. «The Franco -German monster», titrait l'hebdomadaire britannique The Economist en novembre.
Rangs serrés. Tous ceux qui ont vécu comme un traumatisme le sommet de Nice, en décembre 2000, où les deux chefs d'Etat s'étaient écharpés, ne peuvent, certes, que se réjouir. Comme Chirac l'a expliqué sans détour lors de ses voeux à la presse, à Nice, «on a vu ce qu'il ne fallait pas faire. On n'est pas complètement idiots». Alors maintenant, «avec l'Allemagne, on coupe la poire en deux, et cela marche». E