Bangkok de notre correspondant
Hier, comme tous les matins, le leader syndical Chea Vichea se rend à un petit kiosque à journaux proche de son bureau de la rue 222, dans le centre de Phnom Penh, pour y lire le journal. Alors qu'il se tient debout sur le trottoir, un quotidien dans les mains, deux hommes à moto s'approchent. L'un d'eux descend, tire trois coups de feu dans la poitrine du jeune homme, puis regrimpe sur l'engin pour s'enfuir. Chea Vichea, 36 ans, était le président du Syndicat libre des travailleurs, qu'il avait fondé en 1996 avec le politicien d'opposition Sam Rainsy. Ardent supporter de Sam Rainsy, il ne faisait pas non plus mystère de son aversion pour le gouvernement du Premier ministre, Hun Sen.
Dans un entretien à Libération, quelques jours avant les élections du 27 juillet dernier, il déclarait: «Chaque année, nous organisons une centaine de grèves parce que le gouvernement ne prête aucune attention aux travailleurs. Les officiels prennent juste l'argent des employeurs et les laissent faire ce qu'ils veulent.» Son syndicat, le plus important du pays, avec 38 000 membres, et de loin le plus actif, s'occupait particulièrement de défendre les droits des travailleurs du textile, l'une des rares industries d'exportation du Cambodge, qui emploie environ 210 000 petites mains.
Menace. «C'est une réelle tragédie pour le mouvement des travailleurs au Cambodge. C'est un acte de violence odieux pour instiller la peur parmi les travailleurs qui essaient de défendre leu