Montréal de notre correspondante
Il y a trois mois encore, Maher Arar croupissait dans les geôles de Damas. Jeudi, ce Canadien d'origine syrienne a porté plainte contre le gouvernement américain et une quinzaine de ses plus hauts dirigeants, dont John Ashcroft, le secrétaire à la Justice, et le directeur du FBI, Robert Mueller. Il accuse les Américains qui l'ont déporté en Syrie de l'avoir sciemment exposé à la torture.
Septembre 2002 : Washington, qui soupçonne cet ingénieur en informatique de 33 ans de liens avec Al-Qaeda, l'arrête à l'aéroport de New York. Détenu et interrogé, il est envoyé dix jours plus tard par jet privé en Jordanie où il dit avoir été battu puis en Syrie où, pendant dix mois, confiné dans une cellule souterraine «qui avait tout d'un cercueil», il aurait été torturé. Ses liens avec une cellule terroriste, ses entraînements en Afghanistan... il avoue tout et n'importe quoi, avant d'être relâché sans explication à l'automne dernier.
Enquête. Depuis son retour dans son pays d'adoption, il clame son innocence (il n'a d'ailleurs jamais été accusé par aucun pays) et réclame une enquête publique sur les circonstances et les raisons de sa déportation, une enquête que le gouvernement canadien lui refuse obstinément. Cette plainte contre le gouvernement américain serait donc «son seul moyen de prendre en mains sa quête de justice», explique Alex Neve, d'Amnesty International.
Jeudi, c'est par l'intermédiaire du centre pour les droits constitutionnels (CDI) de Ne