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Libération

Au Burundi, la radio de la réconciliation

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Depuis quatre ans, une antenne privée fait collaborer Tutsis et anciens rebelles hutus.
publié le 31 janvier 2004 à 22h27

Bujumbura envoyé spécial

Les deux frères ne s'étaient pas vus depuis six mois. Alexis, le jeune journaliste au visage d'adolescent, et Pierre, le combattant hutu. Pierre vient de rejoindre, au bas des collines qui surplombent Bujumbura, la capitale burundaise, un site de rassemblement des ex-rebelles des FDD (Forces pour la défense de la démocratie) qui participent au gouvernement depuis la signature d'un accord de paix le 16 novembre.

Les deux jeunes gens échangent l'accolade et, autour d'une bière, devisent sur les événements des derniers mois. Alexis connaît bien la vie que mène son frère depuis le début de la rébellion, il y a dix ans. En tant que journaliste à la Radio publique africaine (RPA), l'une des nombreuses antennes privées du pays, il a couvert le conflit au plus près du terrain : en tant qu'ancien combattant. Il n'avait que 15 ans quand il a intégré les rangs des FDD. Il sait aussi ce que signifie la vie de maquis.

«J'avais 19 ans quand j'ai rencontré le directeur de la RPA, en 2000. Il venait de lancer la radio et cherchait des enfants-soldats à réinsérer dans la société», se souvient Alexis, l'un des rares ex-rebelles à s'exprimer dans un français impeccable. L'avantage de ce type de recrutement, c'est que les futurs journalistes connaissent le terrain et la stratégie de la rébellion et peuvent engager, sur les ondes, d'autres enfants-soldats à abandonner les armes.

Conférence bouillonnante. Retour à Bujumbura. Alexis arrive à la rédaction avec un reportage sur