São Paulo de notre correspondante
Natalia a un an mais elle paraît avoir six mois. La fillette pèse et mesure 40 % de moins que la normale pour son âge. Comme elle, 50 enfants de moins de 6 ans, victimes de sous-nutrition modérée ou grave, sont hospitalisés au Centre de récupération et éducation nutritionnelle (Cren) à Sao Paulo, où 800 autres cas plus légers font l'objet d'un suivi médical périodique. Le Cren lutte depuis 1993 contre la sous-nutrition infantile. Ses équipes ont déjà pesé et mesuré les enfants de moins de six ans dans une quarantaine de favelas de Sao Paulo. Bilan : 30 % d'entre eux sont sous-alimentés, et leurs parents aussi.
Lui-même ex-enfant pauvre, Luiz Inacio Lula da Silva a dit un jour qu'il avait eu «la chance de ne pas mourir de faim à 5 ans». Devenu président du Brésil, il y a un an, Lula a fait sa priorité de la lutte contre la sous-nutrition, qui frappe 15,6 millions de Brésiliens, soit 9 % de la population (contre 12 % en 1992), selon la FAO (la «branche alimentation» de l'ONU). Mais cette croisade, qu'il veut transposer à l'échelle mondiale, a connu des débuts difficiles au Brésil.
Mesures d'urgence. Lancé à grand renfort de propagande, le programme Faim zéro, qui allie mesures d'urgence (comme une aide mensuelle de 50 reais aux familles, soit près de 14 euros) et structurelles (comme la réforme agraire), est décrié. Notamment parce que ses bénéficiaires étaient tenus d'acheter des aliments avec l'aide financière et devaient le prouver en présenta