Tokyo de notre correspondant
Des dizaines de «goulags» et de centres de «rééducation». 150 000 à 200 000 prisonniers, squelettiques, malades, maltraités voire torturés. Une marée d'hommes et de femmes accusés de «crimes», de «trahison», soumis aux travaux forcés, et mourant d'épuisement, à petit feu. A l'heure des pourparlers à six (Etats-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, Russie et Japon), qui devraient reprendre le 25 février, c'est un univers concentrationnaire cauchemardesque, très élaboré, évoquant les pires heures de l'ère stalinienne, que David Hawk, responsable du Comité américain pour les droits de l'homme en Corée du Nord (US Committee for Human Rights in North Korea), décrit dans un rapport accablant, The Hidden Gulag («le Goulag caché»).
Le chercheur américain était ces jours-ci à Séoul pour présenter son rapport, tout juste publié en Corée du Sud, sur les camps de Kim Jong-il, ex-«villages de la révolution» métamorphosés en «centres de contrôle». Le plus craint serait celui de Yodok, dit «centre de contrôle numéro 15». Appuyé par 36 témoignages directs d'anciens prisonniers et gardiens de camps ayant fui le «royaume ermite», le rapport est enrichi de photographies prises par les satellites Ikonos et QuickBird (entre 2001 et 2003.) On y distingue clairement les installations de sept camps de travaux forcés. D'une résolution «chirurgicale» (d'un mètre), ces photos ont été remises à David Hawk par les sociétés DigitalGlobe et Space Imaging. Au rythme d'une orb