Moscou de notre correspondante
«Je me sens mal, comme après des négociations avec des Tchétchènes» : après avoir mis en émoi le tout-Moscou en disparaissant mystérieusement, le candidat anti-Poutine à la présidentielle, Ivan Rybkine, est réapparu hier soir à Moscou, en provenance de Kiev, lâchant à la presse ces quelques mots lourds de sous-entendus. L'air hagard, très fatigué derrière des lunettes de soleil, Rybkine n'en a guère dit plus, mais l'agence russe Interfax annonçait hier soir qu'il pourrait retirer sa candidature à la présidentielle du 14 mars.
Disparu de chez lui jeudi, au moment où il devait être enregistré comme candidat, Ivan Rybkine avait été signalé, hier après-midi, à Kiev où il avait alors tenu des propos beaucoup plus insouciants à Interfax : «Je suis allé voir des amis à Kiev, j'ai débranché mes portables et je ne regardais pas la télévision. J'avais décidé de faire un break», poursuivait-il, assurant avoir laissé à son épouse à Moscou «des fruits et de l'argent». A la suite de ces propos, sa femme déclarait : «Pauvre Russie, si elle doit être gouvernée par des dirigeants comme cela !» Son mentor, l'oligarque Boris Berezovski, déclarait à son tour : «S'il s'avère que c'est une aventure, la carrière politique d'Ivan Rybkine s'achèvera là.»
Aussi mystérieuse que sa disparition, ce retour laissait ainsi hier soir le champ libre à diverses hypothèses : coup de pub, crise personnelle ou avertissement qu'auraient voulu lui donner les services russes pour qu'il m