Bagdad envoyé spécial
Un cratère, dans l'asphalte, de dimension modeste, révèle toute l'expertise de l'artificier. Sa bombe était conçue pour tuer, la puissance de son souffle calculée pour fournir un effet maximum en direction des jeunes chômeurs qui patientaient devant le nouveau centre de recrutement de l'armée irakienne. Littéralement pulvérisée par l'explosion, la carrosserie de la voiture piégée s'est transformée en salve létale de ferraille acérée, fauchant par dizaines volontaires et passants. Un lourd bilan : 36 tués selon les forces américaines, 47 morts pour le ministère irakien de l'Intérieur. Des chiffres provisoires, précisent les hôpitaux de Bagdad qui ont admis une centaine de blessés dont le quart dans un état grave.
Au service des urgences de Yarmouk, hier matin, Ghassan Samir témoigne. «Nous étions environ 400 qui faisions la queue, attendant d'entamer notre service dans la nouvelle armée, quand nous avons vu une voiture blanche nous dépasser, puis exploser.» Face à la caserne installée dans l'ancienne base aérienne d'Al-Mouthana, aux limites du quartier de haute sécurité de la capitale où sont regroupées l'ensemble des administrations ainsi que le gouvernement provisoire, les débris jonchent le sol. La pluie efface les traces de sang.
Chômage. «Le véhicule semblait contenir 150 à 250 kg de pains de plastique mélangés à des obus d'artillerie. Il s'agit d'un attentat-suicide, perpétré par un homme seul, qui visait exclusivement les Irakiens», déclare un enquêt