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Shopping sans burqa à Kaboul

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Les Afghanes se pressent dans un marché réservé aux femmes qui s'est ouvert fin janvier.
par Eric de LAVARENE et Marie BOURREAU
publié le 12 février 2004 à 22h56

Kaboul envoyés spéciaux

A35 ans, c'est la première fois que Mina fait du lèche-vitrine. La burqa relevée, elle passe d'un magasin à l'autre, ravie de pouvoir enfin s'adonner à cette activité qu'elle trouve «si féminine». Avec 500 afghanis en poche (10 dollars), elle ne sait pas très bien ce qu'elle vient chercher. Mais peu importe, elle déambule dans le marché des femmes, un lieu uniquement réservé aux Afghanes, qui a ouvert ses portes fin janvier à Kaboul. Pour Mina, dépenser, c'est exister un peu plus. C'est surtout prendre pied dans une société qui a longuement interdit aux femmes tous les plaisirs de la vie sociale.

Avec sa lourde porte en bois, ses tons chauds, ses lampadaires et son jardin, le marché des femmes ressemble à une hacienda. Edifié dans l'ouest de la capitale, il est enserré entre un jardin également réservé aux femmes, une mosquée et un petit poste de police. Une vingtaine de boutiques proposent des articles que l'on ne trouve pas ailleurs : dessous chics, cosmétiques, vêtements sexy, salon de beauté pour dames, bijoux fins, etc. Un emporium féminin à deux pas du brouhaha des rues de Kaboul, essentiellement masculines. Ici, les barbus n'ont pas droit de regard. L'endroit appartient aux femmes. A l'initiative de ce projet, l'Adsi, association bordelaise qui avait déjà rouvert Bagh-e-Zanana, le jardin des femmes, au printemps 2003 grâce à des financements européens. «A force de travailler avec les Afghanes, nous avons pu connaître leurs besoins et les choses q