Menu
Libération

Eurosceptiques en état critique.

Article réservé aux abonnés
publié le 14 février 2004 à 23h03

Les conservateurs britanniques vont-ils réussir leur OPA sur la droite européenne ? Les 32 tories élus à Strasbourg sont parvenus, jeudi, à convaincre le Parti populaire européen (PPE) de renoncer à sa substance fédéraliste : ses statuts vont être modifiés afin de consacrer la liberté d'action ­ et de vote ­ des eurosceptiques en son sein. «C'est un renoncement moral, estime l'UDF Jean-Louis Bourlanges. Nous, les vrais Européens, ne pesons plus sur les orientations du groupe.» Pourtant, lorsque le PPE a admis les Britanniques, en 1994, il pensait vite «digérer» ces eurosceptiques en bout de course.

L'idée du chancelier Helmut Kohl, promoteur de cette alliance, était alors de créer un grand rassemblement de toutes les droites de l'Union, conservateur mais favorable à l'intégration européenne, afin de faire la nique aux sociaux-démocrates. L'objectif a été atteint puisque le PPE est le premier groupe à Strasbourg (232 députés contre 175 socialistes). Mais, chemin faisant, ce mastodonte a perdu son âme en s'éloignant de la tradition démocrate-chrétienne à l'origine du projet européen.

Les Britanniques ne sont pas seuls en cause. Y ont aussi contribué l'adhésion de Forza Italia de Berlusconi (22 députés) puis la dérive souverainiste du Parti populaire espagnol (27 députés). Enfin la CDU-CSU allemande (53 membres), qui préside le groupe PPE, n'a pas joué son rôle de contrepoids. L'adhésion programmée des partis de droite eurosceptiques d'Europe de l'Est ne fera que conforter cet ét