Nazran (Ingouchie) envoyée spéciale
«On est arrivés ici dans les larmes, on repart dans les larmes, quatre ans plus tard» : les adieux sont poignants ce week-end dans ce qui reste du camp de réfugiés tchétchènes de Bart, l'un des trois derniers en Ingouchie. Une à une, les tentes de toile qui avaient abrité jusqu'à 6 400 personnes, après le lancement de la seconde guerre de Tchétchénie, en octobre 1999, sont démontées. Des camions chargent le modeste bric-à-brac des réfugiés et les familles repartent pour la Tchétchénie. «Nous n'avons pas d'autre choix, les autorités ont annoncé qu'elles allaient couper le gaz et l'électricité, explique Apti Ismailov, 52 ans, qui repart pour Grozny avec sa femme et leurs trois enfants. Mais nous savons que la Tchétchénie n'est toujours pas sûre. Les gens disparaissent la nuit, sans laisser de traces.» Sa femme retient ses larmes et préfère remercier les ONG comme Médecins du monde qui ont assuré soins médicaux ou aide psychologique dans les camps.
Les réfugiés quittent un camp boueux où, quatre ans durant, ils ont vécu, entassés à plus de dix ou quinze par tente, mais aucun ne semble éprouver le moindre sentiment de joie à l'idée de retrouver sa patrie. «Ici, au moins, nous étions en sécurité, explique Apti. En Tchétchénie, je ne sais pas comment les choses vont tourner. Nous allons vivre sur le qui-vive, à trembler en attendant que les enfants rentrent de l'école.»
«Pressions élaborées». Résolue à prouver que «la situation se normalise» en Tch