Jérusalem, de notre correspondant.
Tapis rouge, petits plats (kascher, jure-t-on) dans les grands, drapeaux israéliens sur les Champs-Elysées, etc. En d'autres temps, la nouvelle aurait ravi Israël, qui n'aime rien tant que de se voir reconnu, compris, et, si possible, aimé. Cependant, la visite d'Etat entamée, hier, en France, par le président de l'Etat d'Israël, Moshe Katsav, laisse l'opinion parfaitement froide ; les quotidiens d'hier ont consacré moins de dix lignes à l'événement. Car le divorce est consommé depuis longtemps, au moins depuis 1967 et la condescendante rupture du général de Gaulle, avec «son ami et allié». Une formule que nul ne songe plus à invoquer.
Le temps ayant fait son oeuvre, rien n'empêche des relations de pure courtoisie. Malgré deux dossiers épineux : le premier, la «politique proarabe» de la France, sur lequel Israël s'est fait une raison plus ou moins ironique. Le second, plus douloureux, les manifestations d'antisémitisme dans un pays longtemps admiré pour sa défense des droits de l'homme.
Le président Katsav, dont le rôle est symbolique, bien qu'il n'hésite pas à intervenir dans le débat public pour invoquer, à l'occasion, la morale publique, est l'invité idéal. Homme de mesure, il a rappelé, avant son départ, que «la France lutte avec fermeté contre l'antisémitisme...»
De son côté, Jacques Chirac n'a pas ménagé ses efforts. Vendredi, dans une longue interview au quotidien populaire Yediot Aharonoth (près de 600 000 exemplaires), il a pris le soi