Bagdad, envoyée spéciale.
Victimes de la misère et de la violence, Hoda, Sabrine, Feyrouz et Racha attendent sagement dans le commissariat d'Al-Sadoon que s'abattent sur elles les rigueurs de la loi. Pour survivre, elles ont vendu leur corps. Un péché pour l'islam, un délit pour la loi. Devenue autonome, la nouvelle police irakienne, qui s'est affranchie en décembre de la présence de soldats américains dans tous les commissariats, a décidé de faire respecter la loi comme il se doit. Et ramasser les prostituées s'avère une tâche bien plus facile et moins risquée que de courir derrière les «résistants» et les terroristes qui harcèlent les commissariats.
«Lorsque nous intervenions contre les prostituées, les Américains disaient que ce n'était pas un crime, et ils les relâchaient. Alors les maisons closes se sont multipliées et maintenant nous avons décidé de sévir», explique le lieutenant-colonel Nouri al-Massoud, l'adjoint du commissaire de police d'Al-Sadoon, le poste situé dans le quartier chaud de Bagdad, El-Bataoui. De l'extérieur, ces maisons ne sont pas reconnaissables. «En général, elles sont signalées par une charrette tenue par un très jeune vendeur ambulant qui glisse incidemment à ses clients, en général des jeunes de 17 à 25 ans, qu'il peut leur procurer du plaisir», précise-t-il.
Fin janvier, dans la première action du genre, les policiers du commissariat ont envahi une maison close, et arrêté 16 filles et 15 clients, tous irakiens. Ces derniers serviront de témoins