Plus la paix se rapproche dans le sud du Soudan, plus la guerre se réveille dans l'ouest. Le conflit dans la province du Darfour a pris une telle ampleur qu'il menace désormais de faire capoter l'accord de paix imminent censé mettre fin à deux décennies de guerre civile au Soudan, voire de déborder sur le Tchad. Le 29 janvier, l'aviation soudanaise tuait trois personnes et en blessait quatorze dans un bombardement accidentel sur la partie tchadienne de la ville de Tiné, à cheval sur la frontière. N'Djamena accueille déjà 110 000 réfugiés soudanais sur son sol. Cependant, c'est au Darfour que la situation est la plus inquiétante. Médecins sans frontières, l'une des rares ONG présentes dans la région, tire la sonnette d'alarme : «Les équipes de MSF constatent des taux de mortalité catastrophiques sur certains sites, liés aux conditions de déplacement et de vie des populations extrêmement critiques, indiquait MSF, mardi. Alors que les chiffres officiels font état de 600 000 déplacés dans la région, le volume de l'aide et le nombre des acteurs sont très insuffisants au regard de la situation.»
Mobilisation. Après avoir longtemps ignoré ce conflit sans enjeu géostratégique, la communauté internationale se mobilise. Une mission de l'ONU vient d'arriver au Darfour afin d'évaluer les besoins humanitaires, les Etats-Unis ont envoyé un haut responsable du département d'Etat à Khartoum et Dominique de Villepin est attendu aujourd'hui au Soudan après avoir fait escale, hier, au Tchad où