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Libération

Les minorités irakiennes redoutent la domination chiite

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publié le 20 février 2004 à 23h14

Bagdad envoyé spécial

Cheikh Amar al-Hussein porte ostensiblement le turban noir, source d'infinis pouvoirs dans les faubourgs chiites du nord-ouest de Bagdad. Chaque jour, par centaines, déshérités et laissés-pour-compte patientent sur l'esplanade de la mosquée où le sayed octroie audience. Sa coiffe sombre, réservée aux seuls descendants du Prophète, place cet ayatollah au sommet de la hiérarchie religieuse et au panthéon des modestes quémandeurs. Visage hermétique, regard inspiré, cheikh Amar opine du chef, comme si un simple mouvement de son turban sacré devait résoudre les problèmes de l'Irak. Les avis de ce jeune ecclésiastique, représentant à Bagdad le courant radical du chiisme qu'incarne le bouillant Moqtada Sadr, se doivent donc d'être considérés avec une certaine attention.

Pour l'heure, cheikh Amar al-Hussein se déchaîne contre la prise de position du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui juge utopique d'organiser en Irak des élections dans des conditions satisfaisantes de transparence avant la fin juin, date à laquelle les Etats-Unis entendent transférer le pouvoir formel à une autorité irakienne intérimaire. «Seule la tenue d'un scrutin libre, à l'échelle nationale, pourra garantir la légitimité d'un gouvernement dans ce pays, gronde l'ayatollah, l'ONU a reconnu ce principe. Nous refusons tout report. Ce ne serait qu'une manoeuvre des Américains qui veulent empêcher toute consultation populaire en Irak et qui cherchent tous les prétextes. Comme par hasard,