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Libération

Les Iraniens se détournent des urnes pour les législatives

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Le ministère de l'Intérieur a estimé l'abstention au scrutin à 80%.
publié le 21 février 2004 à 23h18

Téhéran a quasiment refusé d'aller voter. Le ministère de l'Intérieur, qui, contre vents et marées, se bagarre pour publier sur son site Internet les intentions de vote des Iraniens, estimait vendredi matin que 79 % d'entre eux ne se rendraient pas aux urnes. Et que 16 % seulement des votants étaient décidés à participer au scrutin. Il ne s'agit que d'un sondage mais, à voir sur les écrans de télévisions les rues presque désertes et les bureaux de vote dépeuplés, les législatives s'annoncent bel et bien catastrophiques pour les conservateurs et, derrière eux, le régime tout entier.

Illusion. Selon des témoignages en provenance d'Iran ­ Libération n'a pu obtenir de visa pour rendre compte du scrutin ­, certains distributeurs de tracts électoraux recommandaient même aux passants de ne pas aller voter. A l'université de Téhéran, dans une classe de français comptant trente étudiants, aucun n'avait l'intention d'aller voter. Pour tenter de faire illusion, les bassidji (les miliciens islamiques) tournaient de bureau en bureau, dans le sud de la ville. Mais, déjà, le régime islamique, qui a fait de ces élections un plébiscite, commence à paniquer. Tour à tour, les dignitaires du régime ont tonné pour convaincre les électeurs réticents. Voter, «c'est tirer une balle dans le coeur de Bush», a lancé, lors de la prière du vendredi à Téhéran, l'ayatollah ultraconservateur Ahmed Janati, chef de l'institution qui a massivement invalidé les candidatures réformatrices aux législatives. Ceux