Premier ministre désigné pour la Serbie, huit semaines après des législatives marquées par une forte poussée des ultranationalistes, le conservateur Vojisvlav Kostunica tente de former un gouvernement et de rassurer les Occidentaux. «La détermination européenne de ce gouvernement est sans ambiguïté et ne peut être remise en question», a affirmé ce juriste, nationaliste modéré, «patriote mais d'abord démocrate», qui fut l'un des principaux artisans de la «révolution» d'octobre 2000 qui évinça Slobodan Milosevic du pouvoir.
Aujourd'hui, faute d'une union de toutes les forces démocrates, Kostunica risque de devoir compter au Parlement sur l'appoint des partisans de l'ex-président yougoslave, jugé actuellement par le Tribunal pénal international de La Haye pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Cette perspective inquiète les Européens et Javier Solana, le haut représentant de l'UE, avait déjà déclaré, la semaine dernière «que cette décision ne mène pas dans la bonne direction».
La future équipe comprendra des membres issus du mouvement de Kostunica, le Parti démocratique de Serbie (DSS), mais aussi du G-17 Plus, de l'économiste libéral Miroljub Labus, et de l'alliance SPO-NS (Mouvement du renouveau serbe-Nouvelle Serbie) de Vuk Draskovic, écrivain nationaliste, tour à tour adversaire et allié de Milosevic, qui brigue le ministère des Affaires étrangères. Le Parti démocrate du défunt Premier ministre Zoran Djindjic, assassiné en mars 2003, a refusé de soutenir