Bogota de notre correspondant
Dix, vingt, cent fois, Magdalena Rivas a regardé la cassette. Sur l'écran de télé dans sa modeste maison de Bogota, le lieutenant Hernandez, son fils, la rassure depuis bientôt un an : «Nous allons bien», répète-t-il, captif, en habit kaki. Cette vidéo, qui date d'avril 2003, est une des seules preuves de survie du jeune homme, capturé par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, 17 500 hommes) un matin d'octobre 1998. «Ils l'attendaient sur la route», raconte sa mère. Il y a deux ans, jour pour jour, sur cette même voie poussiéreuse du sud du pays, la candidate à la présidentielle Ingrid Betancourt était à son tour enlevée par les miliciens d'extrême gauche.
Précédents. Depuis, le lieutenant et l'ex-sénatrice franco-colombienne ont intégré une liste d'une cinquantaine d'otages politiques et combattants que les Farc n'acceptent de relâcher que contre leurs membres incarcérés. Magdalena Rivas a entre-temps rejoint les proches des 33 autres enlevés, policiers et militaires, au sein d'Asfamipaz, une association qui milite pour cet échange de prisonniers. «Il y a des précédents, en Colombie et dans le monde», argumente sa présidente, Marleny Orjuela ; son propre cousin, simple soldat, a été libéré avec 358 autres, en juin 2001, contre 14 membres des Farc.
Cette petite femme énergique, que le lieutenant Hernandez appelle dans ses messages sa «seconde maman», multiplie depuis six ans les voyages dans la jungle pour obtenir des Farc des nouve