Port-au-Prince, envoyé spécial.
A l'entrée du palais présidentiel, quelques groupes de partisans de Jean-Bertrand Aristide scandaient hier son nom en comptant sur leurs doigts. Jusqu'à cinq, pour signifier que le Président ira jusqu'au terme de son mandat, qui s'achève en 2006, et ne démissionnera pas. Mais, faute de rallier suffisamment de militants, le petit rassemblement accentuait encore l'impression de solitude qui émane du palais. La manifestation n'avait d'ailleurs rien de spontané. Elle avait été organisée pour les journalistes venus assister à l'une des rares conférences de presse présidentielle.
S'exprimant parfaitement, et tour à tour en quatre langues l'anglais, le créole, le français et l'espagnol , le président Aristide, qui est apparu sous la protection de gardes d'une société de sécurité canadienne, a refusé toute idée de démission. Il s'est livré en revanche à une interminable incantation diabolisant l'opposition, assimilée à «des criminels, des terroristes» et des «trafiquants de drogue». Il a même osé un amalgame entre les auteurs des attentats islamistes du 11 septembre 2001 et les rebelles pour beaucoup d'anciens miliciens pro-Aristide qui tiennent les villes des Gonaïves et Cap-Haïtien. «Le 11 septembre a vu les terroristes arriver et tuer. Depuis, le monde entier leur a dit non. Nous aussi, nous disons non au terrorisme et nous tendons la main au monde entier. Il ne peut pas combattre le terrorisme ailleurs sans le combattre ici», a-t-il lancé.
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