Correspondant à Londres,
Clare Short, une ex-ministre travailliste en rupture de ban, vient de faire un nouveau croche-pied à Tony Blair. Membre du cabinet jusqu'en mai dernier, elle affirme que des agents britanniques ont espionné le secrétaire général des Nations unies avant le déclenchement de la guerre en Irak. «Je le sais. J'ai vu des transcriptions d'entretiens de Kofi Annan», a-t-elle déclaré, hier, sur la BBC. Blair a refusé de «commenter» ces allégations, ajoutant que «cela ne devrait pas être interprété comme une indication qu'il y a du vrai dans ces accusations». Annan s'est dit «déçu».
L'accusation de l'ancienne ministre est d'autant plus embarrassante qu'elle intervient au lendemain de l'effondrement d'un procès lié à la mise sur écoute des délégués du Conseil de sécurité de l'ONU.
L'ex-secrétaire au Développement international réagissait à l'abandon, mercredi par la justice, des poursuites contre Katharine Gun, une employée des services de renseignements. Cette dernière, âgée de 29 ans, traductrice du chinois à l'anglais, travaillait jusqu'à son renvoi l'an dernier, au GCHQ, le General Communication Headquarters, les «grandes oreilles» du Royaume-Uni.
En février, la jeune femme a transmis au journal l'Observer un e-mail top secret de l'Agence américaine de sécurité nationale (NSA) sollicitant l'aide du GCHQ pour surveiller les délégués onusiens du Conseil de sécurité. L'auteur, un haut responsable du NSA, Frank Koza, demandait à ses homologues britanniques d'espion