Bagdad, envoyé spécial.
Les négociateurs du Conseil de gouvernement irakien ont achevé à l'aube, hier, leur marathon constitutionnel. Epuisés mais ravis. Au terme d'innombrables rebondissements, un compromis a été trouvé, qui semble satisfaire également les fondamentalistes religieux, les démocrates libéraux et les autonomistes kurdes. Un tour de force puisqu'il s'agissait d'inscrire dans une même loi fondamentale des principes à première vue tout aussi éloignés que la religion d'Etat et la laïcité, le droit des femmes et la répudiation, l'unité nationale et le fédéralisme. Afin d'éviter que d'ultimes dérapages compromettent ce périlleux exercice, deux des tuteurs de la coalition, l'Américain Paul Bremer et le Britannique Jeremy Greenstock, ont cornaqué les débats. Au matin, le projet adopté obtenait leur blanc-seing : «un document très constructif et très progressiste».
La charia. Pour parvenir à ses fins, Paul Bremer, patron de l'administration américaine et véritable proconsul de l'Irak, a dû agiter la menace du veto. En janvier, les partis religieux chiites lançaient l'offensive en obtenant une majorité au Conseil de gouvernement pour abroger les lois qui protégeaient le statut des femmes. Une sérieuse mobilisation des féministes et des démocrates a permis d'inverser la tendance. La loi garantira les droits des femmes dans la famille comme dans l'héritage et prévoit un quota de 25 % de femmes dans les futures instances dirigeantes de l'Irak. Le second bras de fer avec les