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Libération

«Je ne me sens pas de juger l'affaire Dutroux»

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A l'ouverture du procès, hier en Belgique, la plupart des jurés pressentis refusaient de siéger.
publié le 2 mars 2004 à 23h32

Arlon (Belgique), envoyée spéciale.

Il est 10 h 47, dans le palais de justice cerné par des centaines de journalistes, quand grelotte une sonnette. Les accusés passent la porte du box vitré dans un silence cérémonieux. Quatre silhouettes sombres flanquées de quatre policiers. Marc Dutroux, petite moustache, lunettes et gros pull de laine. Sa femme Michelle Martin, cheveux blonds lâchés et foulard. Michel Lelièvre, mince à côté de l'épais Michel Nihoul. Ils ne se regardent pas, immobiles face aux preneurs d'images, qui ont quatre minutes pour fixer l'instant. «Marc Dutroux ne souhaite pas être photographié», précise le président Stéphane Goux. Bientôt l'accusé se cachera, feignant de dormir, la tête dans les bras. «Marc Dutroux, vous m'entendez ?» interroge le président. «Oui, je vous entends», répond une voix calme, modulée d'un soupçon d'accent belge. «Je m'appelle Marc Dutroux, j'ai 47 ans, sans profession actuellement, j'habite en prison.» Des centaines d'yeux fixent intensément le box. Pol et Betty Marchal, les parents d'An, et Jean Lambrecks, père d'Eefje, sont là. Mais pas les Lejeune, ni les Russo, parents de Julie et Mélissa. «Ce procès n'est qu'un rideau de fumée», a déclaré Gino Russo dans la presse, «une aumône», a ajouté sa femme Carine. Derniers convaincus d'un puissant réseau autour de Dutroux, blessés à jamais par les supplices endurés par leurs petites filles, ils ne viendront pas à Arlon.

«Les avoir en face de moi». La première journée est consacrée aux jurés.