Port-au-Prince, envoyé spécial.
Chaque jour voit le Palais national davantage investi par l'armée américaine. Quelques hommes lundi, quelques véhicules mardi et, hier, des GI et des civils armés partout, dans tous les coins, jusque sur les toits de l'imposant édifice blanc, tandis qu'une dizaine d'engins blindés labourent à présent l'impeccable pelouse émeraude. De l'autre côté de l'enceinte, la foule, plusieurs centaines de personnes, n'est pas du tout contente. «Les soldats américains sont au palais mais les problèmes ne sont pas là. Les problèmes sont dans la rue. Pourquoi ils ne viennent pas dans la rue ? Pourquoi ils ne désarment pas les chimères ?» réagit Olibrius Belonet, un étudiant en sciences sociales. Autour de lui, la foule, essentiellement des hommes, approuve, bruyamment. «La population demande l'aide des Américains mais ils ne font rien pour l'aider. Et les soldats français, qu'est-ce qu'ils font ? Rien, non plus. Ils laissent les chimères continuer de nous terroriser», renchérit Mathieu Lubnet, un ancien responsable de la douane haïtienne, révoqué et emprisonné par Jean-Bertrand Aristide.
Pillages.
C'est vrai que ni les marsouins français ni les GI ne sont visibles dans les rues. Dès lors, si le centre-ville et certains secteurs aisés de la capitale échappent désormais au contrôle des gangs de jeunes longtemps à la solde du Président déchu, ces derniers continuent de tenir sous leur coupe nombre de quartiers, notamment les plus populaires : Cité-Soleil, Petit Bo