Arlon (Belgique), envoyée spéciale.
Le couple est dans le box et raconte sa vie. Marc Dutroux est posé, poli, disposé, dit-il, «à tout dire». Michelle Martin, sa femme, a une voix de jeune fille sage, et s'excuse de prononcer des gros mots. Mais ce qu'ils racontent plonge peu à peu la cour d'assises d'Arlon, en Belgique, dans un état de stupeur.
Roman-photo.
Marc Dutroux accuse. C'est sa femme qui a laissé mourir de faim Julie et Mélissa dans la cave de Marcinelle. Il était en prison, elle venait au parloir chaque jour, et chaque jour il lui ordonnait d'aller «nourrir les petites», abandonnées pendant trois mois dans le réduit. Il lui avait laissé 230 000 francs belges pour ça. Elle n'a rien fait. A sa sortie, il les a trouvées «décédées». Et les a mises au congélateur.
Michelle Martin raconte : «Dès qu'il a été arrêté, j'ai été dans une panique invraisemblable, je ne sais pas comment j'ai vécu, c'était irréel. Une fois, je suis allée dans la cave avec des provisions. La porte de la cache est tombée de ses gonds. Je me suis dit "Cette fois, il va me tuer". Il avait beau être en prison, ses ordres étaient là, je ne pouvais pas lui désobéir.» Mais les petites filles ? demande le président : «J'ai eu très peur quand cette porte est tombée, comme si des bêtes sauvages allaient se jeter sur moi.» C'était l'hiver 1996, presque à la fin de l'histoire.
Elle avait commencé comme un roman-photo. En 1981, Michelle Martin tourne sur la glace de la patinoire de Forest, dans la banlieue de Bru