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Libération

La grande colère des chiites irakiens

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Au lendemain des attentats, ils fustigent la coalition.
publié le 4 mars 2004 à 23h35

Bagdad, envoyé spécial.

Une plainte sourde et syncopée rythme la progression du cortège. Les hommes, vêtus de noir, se pressent derrière les cercueils. Au rythme du tambour, ils se frappent la poitrine à deux mains. Armée de pénitents, sévèrement encadrée par les milices religieuses chiites. Quiconque croise la procession funèbre se voit soumis à une fouille rigoureuse par des gardes nerveux, toujours sous le choc du double attentat-suicide de la veille. Selon le bilan revu hier à la baisse, les attaques contre les pèlerins de l'Achoura, à Bagdad et Kerbela, auraient fait 171 morts et plus de 500 blessés. Le service d'ordre entend donc empêcher que les funérailles des victimes tournent à leur tour au massacre.

Escopettes.

Les partis, les mosquées ont distribué à leurs fidèles tout ce qui pouvait tirer, jusqu'à des escopettes ayant certainement servi à harceler l'empire ottoman avant la Première guerre mondiale. «Nous voulions démontrer notre capacité à riposter contre n'importe quelle agression», précise Saïd Salah al-Hussein, chef de groupe dans l'Armée du Madhi, branche militaire des partisans de Moqtada al-Sadr, fort populaire à Bagdad parmi la jeunesse chiite indigente.

Des hélicoptères américains survolent sans relâche la procession. Prudemment, les soldats de la coalition ont abandonné les quartiers chiites de la capitale. Les GI n'ont plus la cote. Accueillis en libérateurs il y a moins d'un an par des chiites ravis d'être débarrassés du régime de Saddam, ils étaient déno