Varsovie, envoyée spéciale.
Les temps sont durs pour les féministes polonaises. Alors que leur pays s'apprête à rejoindre l'Union européenne le 1er mai, elles se battent contre une loi antiavortement parmi les plus restrictives du continent. Et, bien que la société évolue, la classe politique et plus encore la puissante Eglise catholique semblent toujours aussi fermées à une libéralisation.
Sujet sensible.
Selon le texte voté en 1993, l'avortement, libre sous le communisme, n'est plus autorisé que dans trois cas : la mise en danger de la santé de la mère, un problème génétique du foetus, ou si la grossesse est le fruit d'un inceste ou d'un viol. Mais, même dans ces cas-là, la plupart des médecins refusent de pratiquer une interruption volontaire de grossesse dans les hôpitaux publics. Ils craignent d'être montrés du doigt, le sujet étant trop sensible. Les chiffres sont donc extrêmement modestes : on comptabilise officiellement 158 IVG en 2002 (124 en 2001) sur une population de 10 millions de femmes en âge de procréer.
«Les avortements se pratiquent désormais en toute illégalité dans le secteur privé, sans aucun contrôle, et c'est ce qui nous inquiète, explique Wanda Nowicka, directrice de la Fédération pour le planning familial, selon nos estimations, toujours difficiles à faire, il y en aurait de 80 000 à 180 000 par an.» Souvent les médecins qui refusent dans le public sont les mêmes qui acceptent dans des cabinets privés. Le prix fait alors la différence. Il faut compter 50