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Libération

Les Etats-Unis sonnent la fin de la récréation rebelle en Haïti

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publié le 5 mars 2004 à 23h35

Port-au-Prince, envoyé spécial.

Déposer les armes ne signifie pas les rendre. Dans une volte-face inattendue, l'ex-commissaire de police Guy Philippe, le chef des insurgés de l'Armée du Nord, a certes annoncé, mercredi, qu'il cédait aux injonctions américaines. Mais rien n'indique qu'il livrera l'armement qui avait permis à ses hommes de s'emparer des deux tiers d'Haïti, contribuant ainsi à la chute du président Jean-Bertrand Aristide. Par ailleurs, les autres composantes du Front de résistance nationale, c'est-à-dire l'opposition armée, qui dispose de fiefs solides aux Gonaïves et à Cap-Haïtien, n'ont pas manifesté leur intention d'obéir aux sommations des Etats-Unis.

Reste la facilité avec laquelle Guy Philippe a obéi aux ordres américains. Mardi, les insurgés avaient clamé leur refus de désarmer tant que les chimères, ces gangs pro-Aristide qui terrorisent certains quartiers, n'auraient pas déposé leurs armes. «Il faut que Guy Philippe soit nommé commandant en chef des forces armées haïtiennes», avait même lancé Winter Etienne, le responsable politique du Front de résistance nationale.

Appétit.

Washington ne l'entendait pas de cette oreille. Le même jour, le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, soulignait que «les rebelles n'ont pas de rôle dans le processus politique». Le lendemain, le colonel des marines Mark Gurganus faisait savoir qu'il ne lui avait fallu qu'entre «10 et 15 minutes» pour convaincre l'ex-commissaire de déposer les armes. Celui-ci disposait