Arlon, envoyée spéciale.
A la barre, Jean-Marc Connerotte, le petit juge à grande réputation. Celui qui a arrêté Dutroux et sa bande. Celui aussi qui a été dessaisi du dossier deux mois plus tard. En août 1996, il avait su boucler en huit jours cette affaire qui traînait et enflait depuis plus d'un an. Mais deux mois plus tard, grosse bourde, il acceptait de partager un «souper spaghettis» avec les familles de victimes. De ce jour, Connerotte fait figure de victime et de héros pour beaucoup de Belges. En octobre 1996, sa mise à l'écart a déclenché la «marche blanche», énorme défilé populaire dans les rues de Bruxelles.
Sept ans après, long, maigre, voûté, ce magistrat de 55 ans s'assied pour déposer. Il expose son enquête d'une voix monocorde, un peu lasse, en s'aidant de diapositives. Une démonstration par affaire, sans commentaires. Après chaque enlèvement, il laisse un point d'interrogation. Pourquoi ? Pourquoi Dutroux s'emparait-il de ces jeunes filles ? «Je laisse la question en suspens», lâche, ambigu, le magistrat de Châteauneuf. Jean-Marc Connerotte n'a jamais caché ses doutes. Pour lui, l'affaire Dutroux n'est toujours pas totalement élucidée.
Point faible.
Vers midi, il en a terminé. Il s'apprête à refermer le dossier de sa vie sans émotion. Mais les avocats de la défense sont en embuscade. Me Xavier Magnée, défenseur de Dutroux, attaque le point faible de l'enquête, sachant qu'il a là un allié potentiel. Un an avant son arrestation, lors de l'enlèvement de Julie et Mé