Morogoro (Tanzanie), envoyée spéciale.
Messy renifle autour d'elle. Ses moustaches frétillent. Jusque-là calme et concentrée, elle s'agite et devient nerveuse. Elle fait demi-tour d'un bond, stoppe net et gratte le sol avec sa patte. «C'est le signal. Elle vient de trouver une mine et nous indique son emplacement», chuchote sa dresseuse, Hovokela Mbwilo. Elle rappelle l'animal qui revient en trottinant. «Chaque fois qu'elle trouve une mine, je la récompense», commente Hovokela, satisfaite. La dresseuse sort une banane de sa poche et l'épluche. Messy se dresse sur ses pattes arrière, attrape le fruit et le dévore. L'entraînement est fini pour aujourd'hui. Messy a trouvé toutes les mines.
«Potentiel».
Messy est une rate d'un an et demi. Son corps et sa queue mesurent chacun 40 centimètres. Elle pèse près d'un kilo et demi, soit trois fois plus qu'un rat traditionnel. Elle est née et vit à l'université agricole Sokoine, à Morogoro, en Tanzanie, où elle est dressée avec 300 autres rats qui s'entraînent tous les matins, dès l'aube, à détecter les mines antipersonnel. «Au début, il y a six ans, personne ne croyait en leur potentiel», retrace Christophe Cox, un des membres de l'organisation non-gouvernementale belge Apopo. «Au départ, nous avons importé quelques rats de Tanzanie, se souvient Bart Weetjens, fondateur de l'ONG. Nous avons commencé à les élever en captivité, puis à les entraîner. Et nous nous sommes rendu compte qu'ils présentaient un fort potentiel.» En 2000, Bar