Menu
Libération

Haïti: les pro-Aristide crient au coup d'Etat

Article réservé aux abonnés
Défilé de soutien au président déchu à Port-au-Prince.
publié le 6 mars 2004 à 23h37

Port-au-Prince envoyé spécial

Une carcasse de voiture incendiée barre la rue Montalais. Les «chimères» ­ bandes armées au service d'Aristide ­ l'ont poussée là, au coeur de Port-au-Prince, pour bien montrer qu'ils sont chez eux. «Pour que personne n'entre. Seulement les gens du quartier», indique Jean Dardy, joueur de samba au chômage. Depuis la barricade, on aperçoit le palais national, défendu par des chars américains.

«A nouveau occupé».

Commence ici le quartier de Bel-Air et cette part ingouvernée de la capitale où l'on trouve les plus fervents partisans de l'ex-Président Aristide. «Tous les jeunes sont aristidiens. On est vraiment triste que les Américains et les Français l'aient forcé à partir. Sans lui, on est foutu», ajoute le musicien. «La vie, poursuit son copain Isaac Brutus, c'était pas de la rigolade, mais on vivait quand même. Maintenant, on est dans la merde. Le coup d'Etat contre Aristide, c'est un coup d'Etat contre l'éducation, la santé, l'espérance. Cela faisait deux cents ans qu'on était libre et maintenant, on est à nouveau occupé.» Qu'importe si le Président déchu n'a quasiment rien fait pour ces rues déshéritées, il représentait l'espoir d'une vie meilleure.

«C'est le seul président qui voulait faire quelque chose pour les masses. A travers lui se cristallisaient toutes les revendications», dit Jean Dardy. Et l'espoir aussi d'une revanche sociale, notamment sur la bourgeoisie mulâtre, haïe dans ce quartier. «Les bourgeois ne sont pas Haïtiens. Si vous êtes