Menu
Libération

Dutroux en chasseur solitaire

Article réservé aux abonnés
publié le 9 mars 2004 à 23h39

Arlon, envoyée spéciale.

L'audience vient à peine de reprendre, Marc Dutroux veut parler. «Pour la sérénité des débats, j'accepte d'être photographié.» La semaine dernière, caché derrière un dossier, il a échappé aux objectifs, arguant de son droit à l'image. De nombreux médias s'en sont plaint, la cour a été saisie, et ses avocats l'ont amadoué. Dutroux explique, d'un ton indigné : «Je cède à la pression. Mais je vous remercie de m'avoir consulté. Depuis 1996, j'ai été vendu sur la place publique sans qu'on me demande mon avis.» Sa phrase se perd dans le cliquetis des appareils photos.

Détesté.

C'est la journée, la semaine même, de Jacques Langlois, son juge d'instruction. Grand, brun, le magistrat entre d'un pas énergique, une caisse de documents sous le bras, résumé de sept années d'instruction. Il a succédé à Jean-Marc Connerotte en octobre 1996, dessaisi pour faute et traumatisé par de mystérieuses menaces. Jacques Langlois, suspect de «non croyance» (en un réseau, ndlr) aux yeux des familles, et détesté par une majorité de Belges, pose en préambule : «Je n'ai jamais subi aucune pression de qui que ce soit. Ni des gendarmes, ni du pouvoir politique, ni du pouvoir judiciaire. Il n'y a aucune raison d'Etat dans ce dossier.» Puis il attaque son sujet. Marc Dutroux, qui lui a dit un jour : «J'ai toujours été un solitaire... Je n'ai jamais fait partie d'un réseau, jamais vendu une cassette ou de la chair humaine.»

Le juge Langlois n'évoque les «consorts», pâles complices manipul