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Libération

Un membre du Parti défie Pékin sur Tiananmen

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Ce médecin chinois de 72 ans demande aux dirigeants de reconnaître le massacre.
publié le 12 mars 2004 à 23h42

Pékin intérim

En avril, outré par les propos lénifiants des autorités sanitaires concernant la propagation du Sras dans la capitale chinoise, Jiang Yanyong, médecin militaire et communiste éminent, avait envoyé une lettre aux médias occidentaux pour révéler la véritable ampleur de l'épidémie. Ses accusations argumentées avaient peu après convaincu le gouvernement chinois de combattre la maladie plutôt que de l'occulter. Cette fois, «l'honnête docteur» ­ comme est désormais surnommé par la population chinoise ce chirurgien retraité de 72 ans ­ vient de défier les dirigeants sur un sujet autrement sensible : la répression du mouvement démocratique étudiant de la place Tiananmen, qui a fait des centaines de morts en juin 1989.

Fin février, Jiang Yanyong a adressé une lettre aux plus hauts responsables du PCC. Il y fait un poignant récit de la nuit du 3 au 4 juin 1989, passée avec ses collègues de l'hôpital militaire 301 à soigner, au milieu de parents en pleurs, des jeunes gens aux corps criblés de balles. «Je ne pourrai jamais l'oublier», écrit-il.

Persuadé que le temps n'effacera pas les griefs d'un peuple «de plus en plus en colère» face au refus du pouvoir de reconnaître le massacre, officiellement qualifié de «rébellion contre-révolutionnaire», le médecin propose de requalifier le mouvement étudiant «mouvement patriotique». Audacieux, alors que les pétitions déposées par les familles de victimes et certains intellectuels débouchent sur le harcèlement ou l'emprisonnement de le